Pourquoi cette étude ?
Cette étude vise à quantifier les dégâts et l’impact du sanglier dans la réserve naturelle. Pour cela, plusieurs objectifs ont été établis et se divisent en deux axes :
- L’amélioration des connaissances quant à la répartition et la pression de l’espèce, en se basant sur :
- l’évaluation chiffrée des dégâts occasionnés par les populations de sangliers ;
- la localisation et hiérarchisation des secteurs à enjeux.
- Le suivi de l’état écologique des pelouses et landes de la réserve, en se basant sur l’évolution de la pression du sanglier sur les milieux ciblés.
Comment s'est déroulée l'étude ?
Seuls les milieux de pelouses et de landes présents au sein de la réserve ont été visés dans cette étude. Au vu de l’impossibilité de suivre la totalité de leur surface, seuls les secteurs présentant des enjeux écologiques avérés (présence de faune et/ou de flore remarquable) ont été sélectionnés.
Au total, 120 points de relevés ont été répartis sur les secteurs de la Roche aux Chats, la Roche à Wagne, les Rochers du Petit Chooz, le Mont de Fromelennes, le Terne des Marteaux et le Mont d’Haurs. Afin d’avoir une vision précise de la pression exercée par les sangliers sur les secteurs suivis mais également à l’échelle de la réserve, la sélection des zones de relevés s’est réalisée par un échantillonnage systématique. Chacune de ces zones présente une surface approximative de 100 m², délimitées par un rayon de 5,75 m de long (± 25 cm) et placées au centroïde du point de relevé. Pour que les efforts de prospection entre chaque secteurs suivis soient identiques, un espacement de 40 m entre chaque point de relevés a été établi.
Afin d’établir un indicateur de la pression des sangliers sur la réserve, les recherches se sont concentrées principalement sur la présence de zones de boutis (sillon supérieur à 5 cm de profondeur) et/ ou de piétinement/vermillis (sillon inférieur à 5 cm de profondeur), ainsi que sur le pourcentage de surface impacté sur chaque placette. Dans le but de pouvoir estimer le niveau d’altération des zones de relevés de manière méthodique un barème a été élaboré. Celui-ci attribue un niveau d’interprétation pour chacune des classes de relevés. Cette interprétation n’a pas fait l’objet de recherches bibliographiques ou d’études spécifiques mais s’est davantage appuyée sur un ressenti et par avis d’expert.
Les résultats de l'étude
À l’échelle de la réserve, sur l’ensemble des 114 échantillons (6 ont dû être supprimés au cours de l’étude) :
- 82,5 % des relevés sont considérés sans impact significatif
- 15 % comme faiblement impactés
- et moins de 3 % comme moyennement impactés.
Si ce constat témoigne d’une pression globalement faible du sanglier sur les milieux suivis, il est important de veiller à ce qu’elle n’évolue pas de façon significative. En effet, les pelouses et landes présentes sur la Réserve possèdent un sol relativement mince avec plusieurs affleurements rocheux et sont ainsi particulièrement sensibles au retournement. De plus, la régénération du sol est un processus lent du fait de la pauvreté de ces milieux en matière organique.
Si l’on s’attache cette fois-ci à une vision plus territoriale, à l’échelle des entités, on observe que la majorité des zones impactées sont localisées dans la partie Est du Mont d’Haurs. Les autres relevés (sud du Mont d’Haurs et Roche aux Chats) correspondent davantage à des zones disparates, synonyme d’une activité ponctuelle et/ou opportuniste du sanglier. Preuve d’une activité prédominante du sanglier sur le Mont d’Haurs, 95 % des impacts sont localisés sur ce secteur, dont 89 % délimités sur une surface d’environ 4 ha. Si l’on peut néanmoins temporiser au vu de la faible pression exercée par le sanglier sur cette zone, cette activité peut cependant s’avérer être problématique. En effet, plusieurs individus d’Alouette lulu ont été contactés en 2021 sur ce secteur et leur nidification est considérée comme probable.
Pour conclure, les milieux de pelouses et de landes présents sur la réserve ne semblent pas menacés significativement par l’activité du sanglier. Seul le secteur Est du Mont d’Haurs présente un certain niveau de pression mais celui-ci est actuellement considéré comme faible au vu de la surface concernée et des impacts relevés. Cependant, une attention particulière devra être portée sur ce secteur et de manière générale sur les secteurs de nidification connus ou probables de l'Alouette lulu.
Quelles perspectives ?
Afin de suivre l’évolution de la pression du sanglier sur la réserve et éventuellement confirmer notre hypothèse, cette étude sera maintenue jusqu’en 2027 et sur une fréquence de 3 ans.